Etude Wartenberg : « oubliée » par le rapport à la DGS

Déc 2, 2015 | Lignes et transformateurs

Dans son étude Residential EMF exposure and childhood leukemia, parue dans la revue Bioelectromagnetics en 2001, Daniel Wartenberg considère que sur les 2200 cas annuels de leucémies d’enfants (moins de 15 ans) recensés aux USA, 175 à 240 (ce qui représente 8 à 11 % des cas) seraient attribuables à une exposition résidentielle au champ magnétique 60 Hertz.

Pour quantifier le risque de leucémie chez l’enfant et déterminer le nombre de cas imputables aux champs magnétiques extrêmement basses fréquences (EBF), les auteurs du rapport à la Direction Générale de la Santé (DGS) se basent exclusivement, page 34, sur deux méta-analyses, celles de S. Greenland et de A. Ahlbom, publiées en 2000. En se référant à ces 2 études, ils concluent, page 39, pour la leucémie de l’enfant « que 2 à 12 cas pourraient être imputables chaque année en France aux champs magnétiques EBF quelle qu’en soit l’origine. »

On peut se demander pourquoi les résultats de la méta-analyse de Wartenberg, parue en janvier 2001, n’ont pas été pris en considération par les auteurs du rapport à la DGS ? D’autant que l’étude de Wartenberg est plus importante que les deux précédentes. Elle analyse 19 publications, contre seulement 9 et 15 publications respectivement analysées par les méta-analyses de Ahlbom et Greenland. Et le fait est que les travaux de Wartenberg – la référence est identique – sont cités page 12 et 59 du rapport à la DGS.

Ainsi les résultats de la méta-analyse de Wartenberg traitant des cas de leucémies d’enfants recensés aux USA en relation avec le champ magnétique EBF n’ont pas été pris en considération alors que les auteurs du rapport à la DGS avaient connaissance de l’existence de cette étude.

Par rapport aux données chiffrées de leucémies d’enfants figurant dans le rapport à la DGS, les conclusions de l’étude Wartenberg conduisent à des chiffres plus élevés, de 36 à 50 cas annuels de leucémies d’enfants attribuables en France aux seuls champs magnétiques EBF.

Ceci souligne l’existence d’incohérences, d’insuffisances et d’omissions dans le rapport remis à la DGS le 8 novembre 2004 par le groupe d’experts rattaché au Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France.

Différentes instances internationales reconnaissent le risque cancérogène des champs magnétiques EBF : le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) depuis 2002 ; le National Radiation Protection Board (NRPB) anglais en 2001 ; et le National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) américain dès 1998.

Dans le rapport à la DGS, « les experts sollicités (…) ont le sentiment qu’il n’existe pas en France une masse critique suffisante pour maîtriser de façon satisfaisante tous les aspects liés à la problématique des champs EBF » et concluent notamment que « chez l’homme, l’ensemble des données disponibles est en faveur de l’absence d’effets sanitaires dus à l’exposition. »

(source : EBF : commentaires sur le rapport à la DGS, par R. Santini & P. Le Ruz, 21 mai 2005)

 

 Commentaires sur le rapport de la DGS

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