Le journal La Croix a consacré cette semaine un dossier sur les risques posés par les rayonnements du téléphone mobile et de l’internet sans fil. Après un premier article interrogeant « Faut-il avoir peur des portables ? », et un autre sur « Radiofréquences et risques émergents », assortis d’une interview de Catherine Gouhier, du Conseil Scientifique du (riirem, sur les 12 conseils pour limiter son exposition, le quotidien aborde la question du Wi-fi.
En dépit de son très faible rayonnement, la généralisation de la technologie sans fil Wi-fi suscite des interrogations.
La mode des réseaux sans fil Wi-Fi contribue à augmenter l’ « électrosmog », sorte de brouillard électromagnétique, un environnement déjà saturé en ondes. Après la déferlante de la téléphonie mobile et de ses antennes relais, c’est l’apparition du WI-Fi.
La technologie ne se limite déjà plus à quelques « box » individuelles ayant une portée de quelques dizaines de mètres. De puissants réseaux urbains se répandent sur la planète ; et ces bornes ou antennes installées sur les façades d’immeubles ou les lampadaires et mises en réseau atteignent alors des portées qui se comptent en centaines de mètres, voire en kilomètres.
Les utilisateurs de cette nouvelle technologie savent combien elle est déjà omniprésente : ils peuvent détecter les différents réseaux locaux de particuliers au sein d’un même immeuble ou d’un pâté de maisons, les rayons d’action de chaque installation débordant les murs des appartements. Quant aux autres, ils ignorent qu’ils sont immergés en permanence dans un bain d’ondes.
Le doute gagne les esprits
Officiellement, cette technologie séduisante qui permet de se connecter à Internet à partir de n’importe quel endroit, ne pose aucun problème. « Le Wi-Fi émet une puissance rayonnée dix fois moins importante qu’un téléphone portable », précise l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset). Les faibles puissances d’émission « ne permettent pas de conclure à l’existence d’un risque particulier éventuel », poursuit l’agence.
Néanmoins le doute gagne les esprits. « Plusieurs indicateurs montrent qu’on ne peut pas laisser se banaliser cette technologie sans la réglementer ni réaliser d’études d’impact sanitaire », estime Michèle Rivasi, présidente-fondatrice du Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques.
Surfer sans fil est-il vraiment sans risques ?
Parce que le Wi-Fi est une fréquence supplémentaire qui s’ajoute de manière permanente à une ambiance électromagnétique. Parce que téléphonies et Wi-Fi sont des ondes pulsées et non continues comme les ondes radio ou télé. Parce que la fréquence Wi-Fi (2 450 mégahertz) est une fréquence micro-ondes qui a pour effet, comme les fours domestiques, d’agiter les molécules d’eau.
Ce qui n’est peut-être pas tout à fait sans effet sur la biologie humaine. D’ailleurs certaines personnes sont « électrosensibles » et peuvent souffrir du syndrome dit du micro-ondes, notamment de maux de tête.
De ces questions naît une interrogation. Surfer sans fil est-il vraiment sans risques ? Est-il indispensable d’encourager une technologie quand des alternatives performantes et sans risques existent (câbles, fibres optiques) ? Les études scientifiques se multiplient, mais, faute de recul, ont de la peine encore à trancher, même si les soupçons se précisent (lire ci-dessus).
Etudes nécessaire sur la globalité de sources d’exposition
Certains pays ou collectivités commencent à préconiser des restrictions d’usage ou à durcir des réglementations. Ainsi l’Allemagne et l’Autriche ont-elles recommandé d’éviter de recourir à la technologie Wi-Fi dans les écoles, au motif que les cerveaux en développement des enfants pourraient réagir plus fortement à l’exposition aux rayonnements, et préconisé d’utiliser les connexions filaires.
La Belgique a durci ses normes et imposé des champs électromagnétiques inférieurs à 3 volts par mètre (V/m), la norme française et européenne étant de 41 V/m. Une résolution du Parlement européen, restée lettre morte, avait même préconisé un seuil très sévère de 0,6 V/m, seuil que l’Autriche a décidé d’appliquer.
« Il faudrait au minimum que toutes les antennes, toutes les sources d’exposition soient répertoriées. Il faudrait aussi que les particuliers débranchent leur réseau lorsqu’ils ne s’en servent pas. À quoi bon s’exposer et exposer ses voisins des nuits entières ? », interroge Michèle Rivasi. L’Agence européenne de l’environnement a également estimé qu’il devenait indispensable d’exiger des études sur la globalité de sources d’exposition.
(La Croix, édition du 14 novembre 2007)