Les lampes fluo-compactes dites à économie d’énergie sont-elles dangereuses pour la Santé ?
Dans son numéro de janvier 2010 (nº 445), le magazine 60 millions de consommateurs présente un dossier sur les lampes fluo-compactes de basse consommation, dans lequel on peut lire à la page 49 : « Le Criirem se serait-il fourvoyé ? ».
On y fait référence aux déclarations très rassurantes de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), de l’École supérieure d’électricité (SUPELEC) et de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (AFSSET). Cependant, les chercheurs de SUPELEC ont oublié de signaler qu’ils avaient trouvé des valeurs de champs électriques élevés, allant de 80 à 380 V/m, au niveau des lampes fluo-compactes (Publication URSI).
Donc, le Criirem ne s’est pas fourvoyé, car en 2007 dans sa mise en garde sur les lampes fluo-compactes, il indiquait des valeurs équivalentes, qu’il déclarait susceptibles d’avoir des impacts sur les biens et les personnes et surtout de ne pas respecter les législations en vigueur. Aussitôt, SUPELEC et l’AFSSET ont répliqué qu’à une distance inférieure à 30 cm d’une lampe fluo- compacte les mesures de champs électriques n’ont aucune valeur, car selon les lois de propagation des ondes, lesdits champs ne sont pas formés.
SUPELEC et l’AFSSET oublient de dire que ces propriétés physiques s’appliquent aux émissions d’ondes radioélectriques métriques, centimétriques et millimétriques. Ce qui n’est pas le cas des lampes incriminées qui émettent des ondes kilométriques comme le 50Hertz du courant électrique.
On est donc toujours en champ proche et qu’on soit à 30 cm, à 50 cm ou à 100 cm ces ondes ne sont jamais formées et les manuels de Physique indiquent avec précision comment les mesurer. D’ailleurs, un rapport scientifique, réalisé en mars 2010 sous l’égide du Swiss Federal Institute of Technology ( Fondation ITIS) de Zürich, vient de publier ses résultats de mesures effectuées à 15 cm des lampes fluorescentes compactes. On y découvre des valeurs de 92 V/m, de 102 V/m, de 139 V/m, de 143 V/m et de 433 V/m, très proches de celles obtenues par le CRIIREM.
Le fond du problème était donc qu’en dessous de 30 cm les valeurs de champs électriques trouvés ne respectent plus les normes en vigueur et rendent donc ces lampes illégales. Le Canard Enchaîné du 24 février 2010 surenchérit sur cette polémique page 5 et souligne qu’une campagne de mesure diligentée par l’ADEME devrait voir le jour en 2010. C’est chose faite, un rapport réalisé par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) commandité par l’ADEME a été présenté le 7 juin 2010 dans ses locaux. En moyenne sur 300 lampes fluorescentes compactes testées les valeurs mesurées à 30 cm varient de 6 à 63 V/m, voire jusqu’à 80 V/m intervalle de confiance compris.
Non, le CRIIREM ne s’est pas fourvoyé !
De plus, dans ledit rapport du CSTB, une erreur s’est glissée sur la mesure des champs magnétiques dont le niveau annoncé est de 0,7 A/m (Ampères par mètres), alors qu’en réalité il s’agit de 0,07 A/m , donc très faible comme le précise le rapport suisse susnommé.
En conséquence Le CRIIREM maintient sa mise en garde de 2007 :
En raison des valeurs détectées afférentes au fonctionnement des ampoules fluorescentes compactes, il y a lieu sérieusement d’alerter :
-Les personnes qui utilisent ce type d’ampoules, comme lampe de chevet, très proche de leur tête de lit, sur leur table de travail ou sur leur bureau, car elles peuvent être exposées, selon la distance et la puissance de ces ampoules, à des champs électriques élevés.
-Les personnes qui sont appareillées avec des dispositifs d’assistance médicale, actifs ou inactifs (pacemaker, pompes à médicaments, prothèses, clips veineux, appareils auditifs, …),car elles peuvent être exposées de façon instantanée, lors de l’allumage des ampoules fluorescentes compactes, à des pics de champs électriques très élevés et par la suite, en fonction des distances et des puissances impliquées, à des champs électriques importants. Il en résulte que des effets de compatibilité électromagnétique (CEM) sont à craindre et que des dysfonc-tionnements et des incidents sur les implants médicaux électroniques restent possibles, avec des conséquences sanitaires importantes pour les personnes exposées.
Le Président du CRIIREM
Pierre LE RUZ